Gravures, collections de traces corrodées de pas passés, ombres des doigts caressant la page, de signe en signe.
Silence de l’image.
Rien n'est anodin : le fil effiloché, le chaînon rouillé, le bois veiné, le tissu froissé, l'usure d'une texture, le pli d'une feuille morte. Tout est message du temps.
Fil réel ou imprimé, reprisé, répété, traversant ou reliant l'espace, le fil tisse et creuse la page, masque ou démasque comme un voilage. Le fil révèle le voyage, tracé en trame et en chaîne, marquant en filigrane le papier, mémoire des parcours cachés, variation infime de l'existence.
Dans l'estampe, le temps demeure, étrangement, comme une présence de ce qui n'est plus. L'impression est fixée, implacable, empreinte en creux dans la page comme l’image d'une disparition ou d'une absence.
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